Courtesy Espace Meyer Zafra & Archivio Ennio L. Chiggio
Oscillations Dynamiques Ennio L. Chiggio
Espace Meyer Zafra a le plaisir de consacrer à l’artiste italien, Ennio Ludovico Chiggio, sa première exposition personnelle en France, Oscillations Dynamiques. Du 10 Octobre au 30 Novembre 2024, l’exposition réunira des oeuvres emblématiques de l’artiste des années 1960 aux années 2000.
« L’œuvre de Chiggio naît d’une dynamique intense de mouvements, d’une kinésiologie, dans laquelle alternent lignes, surfaces, directions, points de vue: l’espace réel se transforme en espace virtuel et vice versa. » -Silvia Pegoraro
Ennio Ludovico Chiggio est un des fondateurs du Gruppo N (Padoue, 1959 - 1964) et est une figure majeure de l’art cinétique et programmé. Ses oeuvres, réalisées à partir de matériaux modernes (plastique, sérigraphie sur plexiglas, etc.) font appel à des phénomènes optiques de réflexion et sollicitent la participation active du spectateur.
L’exposition Oscillations Dynamiques, explore des expérimentations réalisées par l’artiste des années 1960 aux années 2010. Le terme d’oscillation peut se retrouver dans la plupart des oeuvres du courant cinétique, mais est encore plus prégnant dans l’oeuvre artistique d’Ennio Chiggio. Par définition, une oscillation est un mouvement d’un corps qui effectue des va-et-vient de part et d’autre d’une position d’équilibre. La pièce centrale installée à l’entrée de la galerie, Aeromach platonica BR (2008), démontre parfaitement cet intérêt pour l’oscillation. Disposés autour d’un axe fixe, les multiples polygones sont mis en mouvement créant des va-et-vient déterminés par la volonté du spectateur.
En 1959, accompagné de plusieurs étudiants de Padoue, Ennio Chiggio fondent le Gruppo N (Ennio Chiggio, Giovanni Antonio Costa, Alberto Biasi, Manfredo Massironi, Edoardo Landi), l’un des groupes d’art cinétiques les plus importants, introduisant les notions d’oeuvres-objet et d’oeuvre ouverte théorisé par Umberto Eco. Au sein de ce groupe, plusieurs oeuvres collectives seront crées. Les gestes informels sont surmontés pour adhérer à des compositions formelles plus structurées dans un sens constructiviste avec une plus grande attention à la psychologie de la forme (théorie de la Gestalt). Cette notion a été théorisée par le philosophe viennois Christian von Erhenfels en 1980. Celle-ci explique que dans l’acte de perception nous ne faisons pas que juxtaposer une multitude de détails, mais percevons des formes globales qui rassemblent les éléments entre eux. Nous pouvons retrouver cette notion dans de nombreuses oeuvres de Chiggio et plus particulièrement dans les oeuvres des années 1960 telles que dans les séries emblématiques de l’artiste Interferenze Lineari (ex : Inteferenza Lineare 1, 1966-1977 ; Interference Lineare 0 - Quadradi + Cerchi, 1966) et Strutture Visive (ex : Struttura Visiva - Anelli alternati margini mobili BN, 1964-1968) ou dans l’oeuvre Dischi a rotazione apparente (1966).
La période des années 60 est une des plus riches en termes de recherche dans l’oeuvre artistique d’Ennio Chiggio. En 1962, après de nombreux échanges avec les membres du Gruppo N sur les problèmes de visibilité du programme, Chiggio créé l’oeuvre Bispazio Instable pour l’exposition collective, Arte Programmata organisée par Bruno Munari et Giorgio Soavi au siège d’Olivetti (le prototype rejoindra par ailleurs les collections d’Olivetti). Deux compartiments remplis de sphères rouge et blanche composent cette oeuvre. Par l’oscillation de l’objet, la quantité de sphères dans les compartiments change constamment et les deux accumulations composent des configurations toujours différentes reflétant ainsi l’intérêt de l’artiste pour les configurations stochastiques. Durant les années 60, Chiggio s’expérimente également à la recherche sonore. En 1963, il rencontre Teresa Rampazzi et entame une collaboration qui portera sur l’étude du son. En 1964, à la 32ème Biennale de Venise, Chiggio et Rampazzi présentent l’oeuvre Ambienti 1964. De ce travail, plusieurs oeuvres sonores seront réalisées et notamment Ronda Sonora, 1988.
Comme le dit Roberto Masiero, architecte et professeur d’histoire de l’architecture : « Dans ses voyages, Ennio teste - c’est-à-dire met à l’épreuve - les nombreux mondes de l’art et les frontières toujours problématiques entre ceux-ci ». En effet, Ennio Chiggio fut un créateur pluridisciplinaire, il fut plasticien, architecte, musicien, designer ou encore graphiste. Célèbre pour ses magnifiques meubles, Chiggio ne cessa jamais de créer. En atteste les séries Truchet et Triferenze, qui pour la première est basée sur les carreaux Truchet, utilisés par de nombreux artistes (comme François Morellet) pour leur qualité combinatoire, et qui pour la seconde se basent sur des recherches préalables pour la réalisation des Interferenze Lineare.
Au sein de cette exposition, le spectateur sera activement sollicité à participer à la création et à la dynamisation des oeuvres d’Ennio Ludovico Chiggio.