Exposition Daniel Cordier Paris
Affiche / Manifeste galerie Raymond Cordier.
Exposition
Gratuit
Collage
Peinture
Sculpture

Jean-Jacques Lebel : La Mort Jean-Jacques Lebel

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Galerie Raymond Cordier
27 rue Guénégaud
75006 Paris
France

Comment s'y rendre ?

L'exposition organisée par la Galerie Raymond Cordier laisse toute liberté à Jean-Jacques Lebel comme elle l'a fait fin 1962 avec l'exposition Pour conjurer l'esprit de catastrophe.

Le programme-manifeste reproduit ci-après annonce également la présentation d'une suite de tableaux : 1. Portrait de Nietzsche ; 2. Etre enraciné ; 3. Comment regarder un tableau ; 4. Journalier (Rosa Luxembourg) ; 5. Journalier (le Pape) ; 6. Journalier (le Bourgeois) ; 7. Journalier (le Criminel) ; 8. mais l'Ange ; 9. Pays ; 10. Petit Pays ; 11. Portrait de Man Ray ; 12. Portrait de Johanna ; 13. Liberté double ; 14. Front unique

 

"Quelques indications supplémentaires sur LA MORT et son incidence sur l'activité artistique dite d'avant-garde.

Eros et Thanatos: Ces mots ouvrent un chemin dans la densité de la Jungle. Le chemin mène à un réservoir, refuge de l'imputrescible et du surhumain, où nagent les grandes baleines bleues et les plus anciens monstres que la mémoire d'homme ait osé reconnaitre des héros désincarnés du Bardo Thodol jusqu'aux créatures de Lautréamont et de Georges Bataille, on n'y rencontre. que ce que la pensée mythique a inventé de plus exceptionnel. Ces êtres traqués depuis le commencement comme des tyrannicides, des renégats, des déserteurs par toutes les gendarmeries humaines et plus l'homme accède à la civilisation » comme dit le Chef des Français (KRACH!) plus il ressemble à un flic. ces êtres-idées survivent incompréhensiblement dans l'imagination de l'homme d'aujourd'hui ayant lui-même survécu à Hitler, à Staline, et à Hiroshima pour manger au self-service, partager les sentiments de la princesse Margaret et vibrer avec Billy Graham ou Evtouchenko.


Baignant dans le Kitsch (plasma de la culture actuelle), le cerveau lavé et essoré, le citoyen moyen essaye désespérément de distinguer l'image cataclysmique de ses rêves dans l'image de cire que lui présente le miroir aux motivations de la culture commerciale. Rien n'y fait, l'image intérieure ne meurt pas, elle est aliénable mais indestructible, elle résiste dans les tréfonds à l'acide social. Comment la passer au travers des barreaux de la cage, comment l'exprimer sans la corrompre, comment la libérer sans obéir? A qui en parler? Aux greffiers de la N.R.F.? Aux amateurs d'art de la Bourse ou de l'Eglise et à leurs intermédiaires huileux? Les politiciens vous le diront, les idées (quoique sensibles aux trahisons et aux brutalités) sont immortelles, à plus forte raison les hallucinations; mais la société industrielle, pour exercer sa dictature sur l'individu, ne doit tolérer ces hallucinations que dans leurs formes tronquées ou symboliques, voire politiques (le Pape, le Führer, la Bombe, etc...) de manière à contrôler la neutralisation générale. Jamais ou presque jamais ne laisse-t-on s'échapper une vision de la totalité, de la pluralité de l'Etre. Rares sont ceux qui s'y consacrent et on ne leur pardonne pas.


La mort violente de Maiakovsky, de Pollock, de Duprey, c'est l'homme rattrapé, plaqué à terre, c'est la victoire de l'Etat sur le clochard, c'est la punition dont on nous a si souvent dit qu'elle est une tragédie inévitable. Assassinat-récompense sanctionnant la haute délinquance, le châtiment suprême est une solution passionnelle appliquée par des rationalistes. Voilà où la lunette sujet-objet nous scie: elle jette sur tout un regard coupable. Nous sommes foutus dès l'origine, mort-nés soumis à l'obstétrique du Bien et du Mal, du Beau et du Laid, vaccinés par une seringue en trompe-l'oeil maniée par des Druides en trompe-l'œil sur un bateau de guerre en trompe-l'œil. Voilà pour la Mort et ses dérivés. Maintenant, pour ce qui concerne Eros, regardez les cathédrales. Observez que ces constructions ascendantes, ces élans vers le haut, ces érections dont la Chrétienté est si fière (la girafe gothique ou le boa baroque) sont de purs symboles du Mal. C'est-à-dire du Bien. C'est-à-dire du Rien. C'est-à-dire l'autre face de la maudite médaille obligatoire pulvérisée par Nietzsche. J'admire cette pulvérisation. J'admire beaucoup le condor-soleil qui ne se couche que sur la nuque des écluses hypnotisées par la voix et le progrès imperceptible dans la Brume, de la trompe réelle. Maintenant, foutez-moi la paix."

 

Une série de manifestations poétiques - happenings, lectures, auditions, etc. - auront lieu, avec le concours du public, dans le cadre de cette exposition à partir du MERCREDI 5 JUIN 1963, de 18 h. à 21 h , ensuite le MERCREDI 12 JUIN (de 18 h à 21 h) et le MERCREDI 19 JUIN (dc 18 à 21 h).

Oeuvres présentées
Portrait de Nietzsche - 1961
Portait de Désirée (ou regarder un tableau) - 1962
Front unique - 1959
Portrait de Johana, New York - 1961-1962
Portrait de Man Ray - 1962