A fleur de sable Denis Brihat
«...Denis Brihat sur le rivage, observe le sable à la loupe... Lui qui voit des mondes transparents
dans les peaux superposées d’un oignon, des cosmogonies entières dans un
fruit vu en coupe, et qui ajoute à son parti pris des choses une imagination précise, est
confronté avec le sable à du temps accumulé, avec les algues plus vieilles encore que
le lichen aux premiers organismes vivants. Autant dire à la naissance des formes, car la
nature fut artiste avant nous, même si elle avait besoin de notre regard.
Il ne faut pas faire un grand effort pour deviner sa rêverie à partir des laisses de la mer,
des coquillages vidés de leur chair et des bois léchés par les flots, blanchis par le sel,
frottés par le vent. Mais ce réel décapé, c’est une page blanche où viennent s’inscrire
des images : dans les formes aléatoires des algues séchées par le soleil, noircies par l’air,
on devine un visage aussitôt effacé, des fleurs incendiées par le soleil, et l’on cherche à
comprendre une écriture indéchiffrable. Celle d’un dieu ignoré, ou d’un homme inconnu,
qui nous assure que nous ne sommes pas seuls au monde.»
Extrait d’un texte de Gérard Macé sur Denis Brihat et son travail sur le sable, 2015