De Profundis Philips-Decramer Isabelle
Peindre les émotions humaines est un défi d'envergure pour un peintre.
Le visage, le corps doivent refléter l’intériorité de l’être, le rendre visible dans « l’épaisseur » de la matière, par une « incarnation » sur la toile.
Les questions qui en découlent sont :
Comment arriver à peindre ces émotions qui traversent l’homme si souvent dans la journée et qui donnent une couleur à cette dernière ? La couleur des émotions qui habitent les personnages de cette série est plutôt sombre et s’apparente à une angoisse profonde, une peur racine, voire un effroi devant le monde qui paraît souvent hostile, d’où le titre « De Profundis »donné à ce travail.
Quels sont les éléments corporels qui traduisent peur et sidération chez l’homme ?
L’attitude donne le ton : épaules relevées, contraction ou relâchement du corps en général qui soit s’affine soit s’étale, pieds déracinés, mains jointes, suppliantes ou inanimées…
L’expression du visage confirme et renforce l’émotion : Regards perdus, interrogatifs, apeurés, sidérés, suppliants, tristes… bouches grandes ouvertes, tordues, contractées…
Dans cette œuvre picturale les visages et les corps sont réduits à des formes délibérément simplifiées, essorées, pour laisser toute la place à l’expression. Il n’y a pas de détail qui pourrait orienter la lecture des œuvres, les cerner de trop près. Pas de repères trop descriptifs ou évidents qui réduiraient l’interprétation. Ainsi les personnages sont à la fois sortis du temps et dans le temps, ils pourraient être d’ici ou d’ailleurs… Là n’est pas le propos…
Le propos, si je devais en formuler un en conclusion, serait d’exprimer en peinture le vaste avec le peu/l’étroit, le multiple avec le un. Je pourrais dire aussi essayer de passer d’une écriture polymorphe à une écriture mono-morphe en peinture…