PARADIS BLEU Chayan Khoï
Niché au coeur du centre artistique parisien, la Galerie Vellutini, temple dédié à l’art contemporain accueille l’exposition Le Paradis Bleu de Chayan Khoï, peintre poète et globe-trotter. Bleu est la couleur des terriens, la couleur qui unit les peuples.
La galerie Vellutini, inédite et novatrice, prévoit une programmation surprenante et éclectique.
« Dans ses carnets de voyage, Chayan emprunte une voie différente pour explorer la réalité. Dans des «journaux» intimes, il relie le passé et le présent, le superficiel et le profond, le spirituel et la réalité quotidienne d’une manière artistique mais directe, presque candide. Il compose les carnets de voyage comme s’ils étaient «pour lui-même», comme des paniers à trésors. Ce sont des tentatives pour figer le passage du temps, pour dépeindre l’infini à travers les manifestations finies de l’univers, pour miniaturiser plusieurs expressions en une seule. Chayan voyage sans relâche à travers le monde, posant des questions, prenant des photos, étudiant, lisant, observant, dessinant, gravant, rassemblant des souvenirs, nourrissant son âme. Pour lui, un voyage est une quête, un périple arthurien à la recherche du «Saint Graal». C’est un voyage sur soi et une initiation à l’unité des choses dans leur diversité. Les carnets de voyage sont des témoignages poétiques de ce que l’artiste a «vu, entendu, senti, goûté, ressenti» dans ses pérégrinations. On les ouvre avec un pincement au cœur, comme des boîtes de Pandore remplies de secrets et de mystères. On les feuillette avec la crainte que l’on éprouve devant des lieux interdits ou sacrés.
Les carnets de voyage peuvent aussi être vus comme des guides du mystère de la vie. Chayan a juxtaposé et combiné des manifestations de la réalité dans plus de 300 carnets de voyage. Collages, dessins, grattages, éraflures, coins brûlés ou déchirés, gravures, images, photos, artefacts, lettres, morceaux de tissus, objets rares, précieux ou communs sont liés, tissés et collés ensemble pour créer une vision artistique unique remplie de poésie, de nostalgie, de mystère et de beauté. Quelle est l’essence d’un pays, d’une région, d’un paysage, d’une civilisation, d’un peuple ? Son histoire, sa culture, sa religion, sa mythologie, ses mœurs ? Qu’est-ce que «l’Inde», le Tibet ou la Perse ? Une couleur, une odeur, un son, une photographie, un paysage, des mots écrits ? L’art peut-il nous aider à comprendre la nature de l’homme et de l’univers ? L’artiste le peut-il ? La matière et les objets qui remplissent et façonnent ces bûches sont laissés à eux-mêmes comme les personnages d’une pièce de théâtre. Avec peu d’artifices, ils interagissent les uns avec les autres pour raconter l’histoire du monde et de la condition humaine. Histoires du voyage de l’homme sur terre, humbles ou épiques, personnelles ou impersonnelles, elles soulèvent des coins du voile qui recouvre les apparences.
À travers son art cyber-réaliste et ses carnets de voyage, Chayan repousse les frontières de la pensée créative. Que ce soit à la manière sophistiquée d’un Joyce, d’un Dali, d’un Max Ernst ou d’un Buñuel réorganisant le monde, comme ses photographies et peintures cyberréalistes, ou dans l’innocence calculée du «Petit Prince» perdu et désemparé de Saint Exupéry cherchant un sens, comme dans ses carnets de voyage, ses œuvres traduisent la musique tragique et mystique de notre univers. »
Maria Adle
