Simon Martin, "Fantôme", 2023, huile et acrylique sur toile, 61 x 50 cm, pièce unique
Simon Martin, "Fantôme", 2023, huile et acrylique sur toile, 61 x 50 cm, pièce unique © Gregory Copitet
Exposition
Gratuit
Aquarelle
Peinture

Ce qui dort sous les pétales Simon Martin

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Vernissage
sam 25 Mar 2023, 16:00

galerie Jousse Entreprise
6 rue Saint-Claude
75003 Paris
France

Comment s'y rendre ?

La Galerie Jousse Entreprise est heureuse d’annoncer la deuxième exposition personnelle de Simon Martin Ce qui dort sous les pétales, du 25 mars au 6 mai 2023. Le vernissage se tiendra le 25 mars, à partir de 16h, en présence de l’artiste.

(En raison des mouvements sociaux, l'exposition est reportée au samedi 25 mars) 

Il y a des fleurs qui poussent envers et contre tout. Entre deux planches de bois d’un cabanon au fond du jardin, le long d’un mur ou à travers ses interstices, elles fraient un chemin à leurs racines, bourgeonnent au milieu d’espaces qu’elles décident de faire leurs, éclosent, malgré tout, en heureuses couleurs. Il y en a de plus chanceuses, qui sont choisies et entretenues avec soin, offertes en couronnes, en gerbes ou en bouquets. Elles embaument ou décorent, réjouissent ou consolent, célèbrent ou accompagnent, à tous les moments de la vie. Que reste-t-il une fois que leurs pétales ont fané ? Une fois que leurs couleurs sont passées ? Une fois que leurs odeurs se sont dissipées ? Les fleurs sont pareilles aux souvenirs. Éphémères et délicats, leurs teintes, inéluctablement, s’effacent. Lavés par le temps, comment en garder trace ? Dans ses peintures, Simon Martin s’essaye à les retenir. Fleurs et souvenirs sont un fond, qu’il taille et cultive, pour mieux offrir à ses sujets la floraison éternelle à laquelle il aspire.

Deux feuillages mousseux accueillent les visiteurs de la galerie. Vierges, verts, terres et limbes à la fois, ils sont le sas qui sépare deux mondes bouillonnants. Dehors, le bruit ; dedans, la volupté. Derrière leur frondaison se préparent des apparitions. Ici, nul buisson ardent – ce serait trop facile – mais bien tout de même une ardeur, tenue tranquille à l’intérieur de corps transis, seuls ou plusieurs, endormis ou rêveurs, baigneurs ou songeurs, c’est selon. Alanguis entre les roses trémières qui ont éclos d’un bout à l’autre du jardin de peinture, ils incarnent la mémoire d’un lieu aimé, la fugacité d’un paysage chéri, le passage d’une saison préférée, l’intimité d’un visage ami – celle qui reste même quand les traits s’oublient. Ensemble, ils formulent un vieil espoir : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme – y compris la mémoire. La peinture est, pour l’artiste, l’astuce ultime de son entretien.

La fumée des souvenirs a été mélangée par le peintre aux pigments et à l’huile. C’est elle la véritable matière. Elle est palpable, malléable, enduite sur la toile, couche après couche, jusqu’à faire ressurgir, mieux encore que les images, les sentiments qui les ont accompagnées.

Ici et là, des repentirs et des coulures, des sous-couches et des contours sont laissés apparents. La peinture est pareille à la mémoire. Capricieuse, tortueuse, aussi heureuse que malheureuse, elle exige un travail perpétuel pour que grâce à elle, le temps, enfin, s’arrête. Ou, plutôt, se transfigure. Si la peinture se passe de mots, c’est, peut-être, pour ne pas ébruiter le miracle dont elle est capable : celui de transmuter la matière des rêves et des souvenirs. Née des graines qu’ils ont laissées avant de s’évanouir, la peinture de Simon Martin les fait germer en bourgeons vivaces, envers et contre tout.

Horya Makhlouf, mars 2023.