Asterisms, Naomi B. Cook, 2022.
Exposition
Gratuit
Installation

A S T E R I S M S Naomi B. Cook

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Vernissage
jeu 15 Sep 2022, 18:00

Maison Musée Auguste Comte
10 rue Monsieur le Prince
75006 Paris
France

Comment s'y rendre ?

Fait partie des Journées du Patrimoine : 17-18 septembre 2022, et de la Nuit Blanche : 1er octobre 2022.

 

Avec un humour pointu mais délicat, Naomi B. Cook investit le musée du plus célèbre des positivistes, Auguste Comte. Installées dans les salles par une ponctuation soignée, ses œuvres se fondent et se détachent simultanément du décor.

Pareil à une expédition à la fois vers le passé et le futur, plongé dans l'appartement capsule comme dans un espace figé dans le temps, le spectateur est confronté à des objets d’une inquiétante étrangeté, familiers et pourtant terriblement artificiels.

 

ASTERISMS présente des œuvres tridimensionnelles, des vidéos et des cyanotypes, toutes directement liées aux 35 mythologies qui composent le livre Asterisms, première phase de ce projet global et éponyme. Publié en 2021, le livre est une cartographie du ciel nocturne, remplaçant les constellations connues par des nouveaux astérismes trouvés et nommés par l'artiste. Chaque astérisme est ensuite déchiffré par une histoire - un mythe surgissant des notions, termes et préoccupations contemporains, questionnant entre autres l'Anthropocène, le changement climatique, les rencontres en ligne, la robotique et l'intelligence artificielle. La collection est destinée à être utilisée comme un guide de poche pour l'interprétation de notre ciel, lisant à travers les étoiles pour décoder le présent. Ni tout à fait réalité, ni fiction, l'artiste s'inscrit dans la tradition positiviste, imaginant chaque mythe à partir d’un élément fondé sur une certitude vérifiable.

 

Qu'il s'agisse d'un serpent cornu, d'un groupe de tardigrades jouant au football ou d'un cœur humain en LED clignotants, tous les objets de l'exposition se lisent et se comprennent par l’auto-projection, faisant écho au processus même d'identification des astérismes et de leurs histoires. L'œuvre phare de l'exposition, Asterisms Rosace, est composée de 8 caissons lumineux amovibles qui, une fois assemblés, produisent une représentation à taille humaine de l'hémisphère nord de notre ciel. Comme un sublime miroir, il invite le spectateur à plonger dans la voûte céleste, abandonnant le banal en se soumettant à l'infini dont nous faisons tous partie.

Conçue d'un point de vue doux et féministe, l'exposition rompt avec les repères obsolètes et propose un indispensable regard contemporain sur les paradigmes sociétaux.

 

Prenant en compte la ferveur d'Auguste Comte pour l'astronomie et les systèmes de réorganisation du monde, les installations de Naomi B. Cook épousent l'espace avec sens et harmonie. L'artiste pénètre l'intimité du philosophe, faisant écho à travers ses œuvres aux objets du quotidien du philosophe - son bureau, son poêle, son armoire - mais aussi à son plus sacré autel - le fauteuil de sa bien-aimée Clotilde de Vaux, sa muse et son inspiration.

Au-delà du travail colossal dans le domaine de la philosophie, étant à l'origine et à la théorisation du mouvement positiviste, Comte a passé la dernière partie de sa vie à fonder une nouvelle croyance, la Religion de l’Humanité. Formée sur des convictions positivistes, cette religion remplacerait les saints par des personnages historiques factuels, restructurant ainsi les traditions et le calendrier chrétiens avec ce qu'il considérait comme une approche positiviste contemporaine de la foi. De façon comparable, Naomi B. Cook adopte la perspective de Comte pour traiter les systèmes archaïques, avec une attitude moderne, en proposant des solutions enthousiastes et créatives.

 

Cette union fascinante de Comte et Cook laisse le spectateur perplexe dans un environnement abordable en apparence, mais qui, en regardant de plus près, reste en grande partie crypté, suscitant ainsi curiosité et intrigue. Dans une de ses lettres pour Comte, Clotilde de Vaux disait un jour : “Quoique la vie me semble une chose plus redoutable que belle, je m’y cramponne de mon côté ; et je m’exerce à la mettre le plus possible en relief” ; c'est  peut-être sa définition du progrès. 

 

Commissariat : Gabriela Anco