Camille Claudel, L'Abandon petit modèle
Camille Claudel, L'Abandon petit modèle,1905, bronze, édition Eugène Blot ©-musée-Camille-Claudel
Exposition
Payant
Sculpture

Camille Claudel à l'oeuvre : Sakountala Camille Claudel

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Musée Camille Claudel
10 Rue Gustave Flaubert
10400 Nogent-sur-Seine
France

Comment s'y rendre ?
Tarif plein
10 €
Tarif réduit
6 €

À l’occasion des 160 ans de la naissance de Camille Claudel, le musée de Nogent-sur-Seine met à l’honneur la sculptrice à travers l’une de ses œuvres majeures : Sakountala. Du 14 septembre 2024 au 12 janvier 2025, l’exposition « Camille Claudel à l’œuvre : Sakountala » propose d’entrer au cœur de la création de ce chef-d'œuvre à l’histoire très mouvementée. Inspirée de la mythologie hindoue, la toute première sculpture monumentale de l’artiste a en effet connu à la fois le succès et la polémique avant de tomber dans l’oubli. Rassemblant près de 100 objets, l’exposition revient sur le processus créatif de Sakountala, l’histoire de sa réception mais aussi sa source d’inspiration littéraire ou encore les nombreuses variations que Camille Claudel en a proposées à la fin de sa carrière. Bénéficiant de prêts exceptionnels du musée Rodin, de la Bibliothèque nationale de France et du musée d’Orsay, cette exposition a reçu le label « Exposition d'intérêt national »du ministère de la Culture.

 

Sakountala : élaboration, succès et polémique

C’est cette œuvre qui la fait connaître du public et de la critique et la seule qui lui vaut une récompense au Salon au cours de sa carrière. Pourtant, elle n'obtient pas la commande de l'État qui lui aurait permis de tailler un marbre monumental. Camille Claudel donne alors le plâtre de Sakountala au musée de Châteauroux, en 1895. Au moment de son installation, le pied gauche de Douchanta est brisé. Puis, l’œuvre est décriée pour son caractère érotique, sa taille, sa massivité, sa fragilité ou encore sa patine par la bourgeoisie locale qui peine à apprécier son travail. L’œuvre se dégrade ensuite progressivement dans les réserves du musée. Elle n’en sort que dans les années 1980 à la suite de la redécouverte de l'artiste.

 

Du mythe hindou à la sculpture intemporelle

La Reconnaissance de Sakountala, drame écrit par le poète hindou Kâlidâsa, probablement au IVe ou au Ve siècle, raconte l'histoire du roi Douchant a qui rencontre Sakountala pendant une partie de chasse. Après avoir épousé Sakountala, Douchanta est victime d’une malédiction et l’oubli. Si ce mythe a rarement été traité en peinture ou en sculpture, il a fait l'objet de plusieurs traductions en français, d'un ballet et de pièces de théâtre. Dans l’exposition, maquette de décor, projets de costumes ou encore photographies offrent un aperçu du décor um mis en œuvre pour impressionner et dépayser les spectateurs lors de ces représentations. Les visiteurs sont invités à comparer les mises en scènes très marquées par l'orientalisme et la surenchère décorative avec le traitement du thème par Camille Claudel, dépouillé, sobre et hors du temps. 

 

Les avatars de Sakountala

Ce n'est qu'en fin de carrière que Camille Claudel parvient à traduire Sakountala en matériau noble. En 1905, elle en sculpte une version réduite en marbre pour la comtesse de Maigret, sous le titre Vertumne et Pomone. Prêtée par le musée Rodin pour l’évènement, celle-ci témoigne de la virtuosité de la sculptrice et du degré de perfection qu'elle a atteint. Le bronze, édité par son fidèle soutien et ami Eugène Blot, est présenté la même année au Salon d’automne sous le titre L’Abandon. Dénuée de référence mythologique, cette appellation charge l’œuvre d’une dimension plus allégorique, tout en répondant aux besoins de sa commercialisation. L'année suivante, l'État commande à Camille Claudel une statue de femme dérivant de Sakountala. Désormais seule et blessée, elle est représentée en fille de Niobé succombant à une flèche décochée par Apollon ou Artémis

 « L’œuvre nouvelle la plus extraordinaire du Salon est cette Çacountala, groupe chastement passionné dû à une jeune fille, Mlle Camille Claudel». Paul Lero