PORTRAIT : Michaële-Andréa Schatt

Lundi 14 septembre, 2020, 11:56 Europe/Paris | Actualisé : Lundi 15 janvier, 2024, 13:38
| Galerie Isabelle Gounod
Portraits
Portrait de Michaële-Andréa Schatt
Photographie : Daniel Rousselot, 2012
Portrait de Michaële-Andréa Schatt

Pour Michaële-Andréa Schatt, la peinture commence par un parcours. Dans un coin d’atelier, sur une bâche en plastique transparent, elle peint — elle cherche en peignant — des formes humaines, végétales, ou, tout simplement abstraites. Lorsque l’une d’elles lui paraît convenir, elle la reporte sur un fin papier, par application de celui-ci sur la peinture encore fraîche. Le papier viendra ensuite rejoindre d’autres — beaucoup d’autres — papiers, qui sèchent sur des cordes à linge, dans un autre coin de l’atelier. C’est dans une autre partie encore, de cette grande pièce que recouvre un verrière, que le tableau à proprement parler va se faire. En ces trois lieux, Michaële-Andréa Schatt circule, et travaille.

La première fois que je suis entré dans l’atelier de Michaële-Andréa Schatt, j’ai pensé à une blanchisserie, ou, plus exactement, à une serre. Comme si les images poussaient sous cette verrière. Comme si, sur ces cordes à linge, se constituait une sorte de mémoire pour la peinture.

De fait, la peinture, au sens strict de ce terme, ne constitue que la première étape de ce travail : sur cette bâche où des formes nouvelles viennent régulièrement recouvrir des formes anciennes, comme en un palimpseste. Ensuite, il n’est plus question que de transferts, puis, sur la toile, de collages.

Ici, l’artiste construit en effet son image par des collages successifs, en venant puiser dans sa mémoire de papier les formes qui feront le tableau. Dans ce lent processus, deux logiques se croisent. La première est temporelle : collant les uns à côté des autres, ou les uns sur les autres, des papiers qui finissent par constituer des strates, que viennent ensuite recouvrir d’autres strates, Michaële-Andréa Schatt construit une sorte de terrain de rêve pour archéologues. Au-dessous le passé, au-dessus le présent, les derniers collages, ceux qui « terminent » le tableau. La deuxième logique, celle qui préside à la rencontre des images, est strictement picturale. Ce sont des raisons plastiques qui font que telle ou telle formes viennent s’accorder, contraster ou raconter un début d’histoire.

En apparence, pour celui qui regarde, tout est simple. Face à ce feuilleté transparent, dont le dessus laisse apparaître les multiples dessous, il s’agit simplement d’être cet « archéologue » que le peintre semble appeler de ses vœux. D’être capable, face à ces papiers devenus transparents sous l’effet de la colle, de reconnaître les strates, de distinguer le proche du lointain, et ainsi, en pénétrant progressivement dans la surface du tableau, de remonter du résultat final jusqu’à l’état originel de la toile. De retracer, suivant l’ordre établi par l’artiste, l’état des lieux de ses images antérieures.

A bien regarder, cependant, cette simplicité « affichée », cette façon qu’ont les toiles de se présenter à nous « dépliées », sans rien cacher de leur dessus et de leurs dessous, se révèle une sorte de séduction minée. Un piège à regard…

Pierre Wat, "Le regard combat la nuit", 1997 (Catalogue d’exposition, Musée de Louviers)

Pour Michaële-Andréa Schatt, la peinture commence par un parcours. Dans un coin d’atelier, sur une bâche en plastique transparent, elle peint — elle cherche en peignant — des formes humaines, végétales, ou, tout simplement abstraites. Lorsque l’une d’elles lui paraît convenir, elle la reporte sur un fin papier, par application de celui-ci sur la peinture encore fraîche. Le papier viendra ensuite rejoindre d’autres — beaucoup d’autres — papiers, qui sèchent sur des cordes à linge, dans un autre coin de l’atelier. C’est dans une autre partie encore, de cette grande pièce que recouvre un verrière, que le tableau à proprement parler va se faire. En ces trois lieux, Michaële-Andréa Schatt circule, et travaille.

La première fois que je suis entré dans l’atelier de Michaële-Andréa Schatt, j’ai pensé à une blanchisserie, ou, plus exactement, à une serre. Comme si les images poussaient sous cette verrière. Comme si, sur ces cordes à linge, se constituait une sorte de mémoire pour la peinture.

De fait, la peinture, au sens strict de ce terme, ne constitue que la première étape de ce travail : sur cette bâche où des formes nouvelles viennent régulièrement recouvrir des formes anciennes, comme en un palimpseste. Ensuite, il n’est plus question que de transferts, puis, sur la toile, de collages.

Ici, l’artiste construit en effet son image par des collages successifs, en venant puiser dans sa mémoire de papier les formes qui feront le tableau. Dans ce lent processus, deux logiques se croisent. La première est temporelle : collant les uns à côté des autres, ou les uns sur les autres, des papiers qui finissent par constituer des strates, que viennent ensuite recouvrir d’autres strates, Michaële-Andréa Schatt construit une sorte de terrain de rêve pour archéologues. Au-dessous le passé, au-dessus le présent, les derniers collages, ceux qui « terminent » le tableau. La deuxième logique, celle qui préside à la rencontre des images, est strictement picturale. Ce sont des raisons plastiques qui font que telle ou telle formes viennent s’accorder, contraster ou raconter un début d’histoire.

En apparence, pour celui qui regarde, tout est simple. Face à ce feuilleté transparent, dont le dessus laisse apparaître les multiples dessous, il s’agit simplement d’être cet « archéologue » que le peintre semble appeler de ses vœux. D’être capable, face à ces papiers devenus transparents sous l’effet de la colle, de reconnaître les strates, de distinguer le proche du lointain, et ainsi, en pénétrant progressivement dans la surface du tableau, de remonter du résultat final jusqu’à l’état originel de la toile. De retracer, suivant l’ordre établi par l’artiste, l’état des lieux de ses images antérieures.

A bien regarder, cependant, cette simplicité « affichée », cette façon qu’ont les toiles de se présenter à nous « dépliées », sans rien cacher de leur dessus et de leurs dessous, se révèle une sorte de séduction minée. Un piège à regard…

Pierre Wat, "Le regard combat la nuit", 1997 (Catalogue d’exposition, Musée de Louviers)

Michaële-Andréa Schatt, "Joan's Garden", 2014. Techniques mixtes sur toile, 180 x 150 cm (collection particulière)
Michaële-Andréa Schatt, "Joan's Garden", 2014. Techniques mixtes sur toile, 180 x 150 cm (collection particulière)
Michaële-Andréa Schatt, "Kimono aux Iris / Nocturne", 2011-2012. Techniques mixtes sur toile, 180 x 150 cm (collection particulière)
Michaële-Andréa Schatt, "Kimono aux Iris / Nocturne", 2011-2012. Techniques mixtes sur toile, 180 x 150 cm (collection particulière)
Lundi 14 septembre, 2020, 11:56 Europe/Paris | Actualisé : Lundi 15 janvier, 2024, 13:38
| Galerie Isabelle Gounod