Depuis son apprentissage dans l'atelier de Hans Jacob Meyer à Zurich (1934-1936), Isabelle Waldberg n'aura jamais cessé, lorsqu'elle sculptait en plâtre, de pratiquer l'art du portrait.


"PORTRAITURE" : ce vieux mot conviendrait mieux à son travail, dans la mesure où ce qu'elle recherche est moins la ressemblance - la criante illusion de vérité - que la concordance - entre l'être-là d'un "modèle", imaginaire ou non, et l'être au-delà de sa représentation.


Isabelle Waldberg a toujours préféré, dans son art, l'analogie au trompe-l'œil, la transfiguration à la figuration. Si, dans sa période "irréaliste", elle continue d'exécuter de rares têtes "classiques", ce sont des hommages aux « hommes remarquables » (Marcel Duchamp, Robert Lebel, Michel Fardoulis-Lagrange...) qu'elle a assidûment fréquentés. Mais, le plus souvent, elle transpose son modèle dans un ailleurs de la vraie vie absente, trouve la ressemblance par quintessentiation (l'Oiseau-pilote, Portrait de Michel Waldberg, Double portrait...)
 

Par ailleurs, elle imagine et fait sortir de terre des lignées, des dynasties : la série des Agarien, dont Agarien Ier, sorte d'Ubu pataphysicien, ouvre le bal inquiétant ; les guerriers en armes et armure protecteurs des villes ou des palais (Lugdus, Turoni...); les entités nommables ou innommables (la Bouche d'ombre), et convoque autour d'eux tout un peuple de scribes et de sacerdotes (Porteur de livre, Porteur d'offrandes, Porteur d'objet...). Dépouillés de leurs attributs, égarés dans des architectures, ceux-ci retournent parfois à leur originel anonymat (Homme seul, Homme situe...) Isabelle Waldberg a aussi réalisé de nombreux autoportraits, où elle s'avance voilée, masquée, caparaçonnée - mais tout voilement n'incite t'il pas au dévoilement ? Comme l'écrit pertinemment Roland Barthes : 

"Contournable, pénétrable, en un mot profonde, la statue appelle la visite, l'exploration, la pénétration: elle implique idéalement la plénitude et la vérité de l'intérieur... " 

Car il ne s'agit pas d'autre chose que de comprendre - et de signifier, dans les limites de la finitude - l'essence de la réalité.

 

Michel Waldberg, juin 2000.

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