You Don't Own Me Cécile Guettier
Les œuvres de Cécile Guettier ne laissent pas indifférent, à aucun point de vue. Immédiatement reconnaissables, son univers et son trait présentent une signature à la fois généreuse, complexe et intrigante qui conduisent le visiteur vers une odyssée ubuesque. Mais c'est un monde incertain qui se présente, dont chaque être semble vouloir soit s'échapper, soit tenter de s'acclimater avec acharnement et impétuosité.
D'abord le trait semble incontrôlé, instinctif, démesurément vivant. Puis, en s'approchant de ce monde étrange, on apprivoise une faune bigarrée et inconditionnellement démembrée, aux corps disproportionnés et aux membres disloqués. Certains personnages se sont acclimatés à leurs conditions et la sagesse de leurs attitudes transigent avec leurs fastes de couleurs.
D'autres tentent de sortir du cadre dans une quête absurdement exagérée. Ils se retrouvent dans des situations complexes et inextricables mais l'artiste, à travers le titre de l'exposition, leur promet à tous une issue favorable, par le biais de cette injonction libératoire, sorte de sésame vers un autre monde plus adapté à leurs informités.
Ils peuvent enfin prendre la parole et s'affranchir d'un cadre étriqué. Et finalement, ils n'appartiennent ni à l'artiste, ni au spectateur. Ils s'émancipent de toute volonté thérapeutique, et malgré leur profil onirique, ne sont ni un exutoire, ni une catharsis. Ils ont leurs propres histoires, leur propre monde acide et biscornu. Mais devons-nous les laisser s'échapper du cadre ?
« Au sein d’une joyeuse autophagie, les figures s’avalent avec voracité, dans un élan de bagarre ou de sexualité androgyne. Un entremêlement permis par le cadrage serré, enferment les corps entre quatre murs comme un génie dans sa lampe. [...] Inadaptés à l’espace, ils déploient en même temps que leur gaucherie une liberté d’action sans-gêne. » Elora Weill-Engerer