Joël Stein et le G.R.A.V. Joël Stein
Sur un commissariat de Joël Stein, l'exposition retrace à travers la personnalité et l'oeuvre de Joël Stein, l'histoire du G.R.A.V.
Au contact de Morellet, Stein avait adopté en 1956 tous les principes d’une abstraction conçue comme organisation contrôlée et homogène de la surface, par le moyen d’opérations systématiques de répétition, de progression et de permutation, affectant à la fois la forme et la couleur. L’idéal était celui de la recherche anonyme et dédaigneuse des mythologies construites autour de la figure de l’artiste en génie solitaire et inspiré — « cette éloquence délirante sur l’artiste et sa personnalité », qui avait accompagné le développement de l’abstraction lyrique. Sur ce terrain, l’entente est parfaite avec quelques artistes sud-américains récemment arrivés à Paris avec un bagage pictural rassemblé à partir des mêmes sources : Max Bill et l’art concret, Victor Vasarely et les prémices de ce que ce dernier appelle déjà « cinétisme ».
Après la formation du GRAV, Stein oriente ses recherches dans le sens du programme défini en commun : stimulation rétinienne et instabilité visuelle. Il superpose grilles et trames et explore l’effet moiré, réunissant une partie de ses résultats dans l’album Jeux de trames (1962), préfacé par Pierre Schaeffer. Stein est en rapport avec le compositeur dans le cadre d’une autre entreprise collective caractéristique de cette décennie d’expérimentations polymorphes : le Groupe de Recherche Musicale de l’ORTF. Il y réalise des séquences d’images et des génériques pour la télévision, tandis que le cinéaste Henri-Georges Clouzot lui donne carte blanche, ainsi qu’à son complice Yvaral, pour les effets spéciaux hallucinatoires de L’Enfer (1964, inachevé) et de La Prisonnière (1968).
Comme ses collègues du GRAV, et en phase avec l’utopie participative de l’époque, Stein outrepasse rapidement le champ expérimental de « la relation oeuvre-oeil » pour inventer des formes d’interaction directe avec le spectateur.