CŌNECTERE Nelson Aires
Prieuré de Pont-Loup, lieu d'art contemporain
10 rue du Peintre Sisley
77250 Moret-sur-Loing
France
La vie s'écoule en nappe, s'enfuit. Bientôt le sang se mêlera à la terre, à la paille, au béton, subissant plusieurs changements d'état et transformations. Arrêt sur images de cette hémorragie dont les souvenirs défilent dans l'esprit de Nelson depuis son plus jeune âge, alors qu'il passait ses vacances au nord du Portugal dans des villages où les scènes d'abattage rural étaient familières. Sans faiblir, il manipule donc l'hémoglobine et la confronte aux encres aquarelles et de Chine, au brou de noix, au sel... dans son atelier-labo, testant la compatibilité des matériaux par techniques d'imbibition, d'imprégnation ou de saturation.
La dimension biographique de son travail, corrélée à l'emploi de ce liquide rouge vital, soulève inévitablement la question de l'intime chez l'homme : de sa quête d'identité personnelle à son appartenance à l'ordre universel. Les supports textiles qu'il privilégie et qu'il teinte selon la méthode japonaise ancestrale du shibori appuient cette idée, évoquant tour à tour l'habit quotidien que l'on revêt ou une peau d'apparat tribale, métaphores de l'intériorité que l'on souhaite partager.
Ainsi, ce n'est pas un hasard si Cōnectere a été conçue pour cet ancien lieu de refuge et de prière, l'artiste bouleversant nos repères par une scénographie habile qui renforce le lien qui nous unit à ce monument chargé d'histoire, construit entre deux campagnes. Ses installations sur échafaudages – autre clin d'œil familial – qu'il dispose en triangle éclaté diffusent le symbole de la Trinité dans l'espace architectural à demi-figé : quelque chose est en train de s'accomplir... le sens de lecture de ses œuvres se calque sur la transcendance du style hybride romano-gothique par des jeux de lumière et d'obscurité. En ascension, sa « fétiche-matière » demeure spectaculaire.
Chloé Macary pour Le Mur espace de création
Commissariat d'exposition : Virginie Prokopowicz